nouveau blog : Victoire contre les prostitueurs !!!

la fin du féminisme à Maman: l'Equalisme

J’ai eu raison de prendre la parole et de témoigner sur la complaisance des chéfaillons gays pour le système prostitueur. Aujourd’hui la loi pour responsabiliser les clients a été votée à l’assemblée nationale et des fonds ont été débloqués pour des alternatives à la prostitution en direction des personnes prostituées. C’est un réel changement de cap, notre société abolit petit à petit les privilèges des mâles dominants et de leurs alliés gays masculinistes. Un jour j’espère la patriarcat sera abolit, je rêve d’une révolution…un jour il faudra bien se battre.

Toujours gay et toujours issu des minorités visibles, je tenais à continuer ma réflection sur notre société et  le Pornochic et l’industrie pornographique ainsi que les représentations des genres, des rôles sexués, la féminité, la masculinité, l’antiracisme.

J’ai décidé aussi de quitter le féminisme. J’ai été attaqué de nombreuses fois par des femmes féministes qui ne voulaient pas que je me revendique féministe car j’étais gay et homme. C’est vrai je n’ai pas un vagin mais j’ai souvent été pris pour une femme dans les insultes que je recevais et le traitement auquel j’avais eu droit.

Soit, si être féministe c’est avoir un vagin, je préfère quitter le féministe et laisser les querelles entre chapelles se derouler sans moi. Dans ce cas-là, Marine Le Pen et Christine Boutin pourraient se déclarer féministes aussi.

J’ai choisi de créer un nouveau mouvement. L’égalité entre les hommes et les femmes, l’égalité entre les sexes, quelque soit son genre. Je définis ce mouvement par ce terme : l’Equalisme. Les hommes, les femmes, les Trans sont bienvenus. L’important ce sont les idées pas ce qu’on a dans la culotte.

Aujourd’hui je me déclare antisexiste. Je n’utiliserai plus le terme féministe ou féminisme, je le laisse aux seules femmes qui l’ont breveté. Elles ont un copyright. Si le féminisme n’attire plus, je pense qu’on doit se demander pourquoi…ça n’est plus mon affaire de toute façon.

Les jeunes de la diversité sexuelles (gay, lesbiennes, trans, intersexes, bi) doivent je le pense quitter le féminisme à Maman et créer autre chose. Nous n’y sommes pas les bienvenus. Les féministes blanches arrogantes bobo ou aristo parisiennes me fatiguent. Les Badinter, les Simone de Beauvoir… le féminisme essentialiste d’Antoinette Fouque a fait beaucoup de mal à cette idéologie. Etre femme n’est pas synonyme de sainteté. Les femmes sont des hommes comme les autres. A ce titre, en tant qu’homosexuel, j’ai beaucoup souffert de l’homophobie outrancière de Frigitte Barjot, la folle de  la Manif pour tous accompagnée de Boutin, sans parler de Marine Le Pen et toute la fachosphère catho qui est composée de beaucoup de femmes aussi.

D’ailleurs aux Etats-Unis, pendant longtemps l’organisation féministe (NOW) : National Organisation for Women , n’acceptait pas les lesbiennes. Elles étaient exclues du mouvement. Pareillement en France, dans les mouvements féministes, se déclarer lesbienne était tabou. D’ailleurs Simone de Beauvoir ne l’a jamais dit même si elle a finit sa vie avec une femme. Sans parler de Colette et de ses amours lesbiens cachés et pas vraiment assumés.

Créons autre chose. Nous n’avons pas une place à nous, pas d’égérie ou d’hommes providentiel pour nous représenter, il faut créer notre espace, une tribune qui nous est propre. L’égalité elle s’arrache, il ne faut plus attendre des autres qu’ils fassent notre boulot.

Bref une nouvelle page s’ouvre. Mon blog sur les méfaits de la pornographie sexiste, raciste se trouve à cette adresse : http://stopalacultureporn.wordpress.com/

Bye

Manu

le racisme des certains clubs S/M qui érotisent l’esclavage (reconnu comme crime contre l’humanité par la France grâce à la loi Taubira de 2001)

reproduction facebook  d’une soirée S/M sur Nice en Janvier 2013 : 

  • Le plus grand marché aux esclaves du sud revient en force au CODE le 25 janvier 2013.

    Conformément au code de l’esclavage entré en vigueur en 2012, quelques règles vont être imposés pour ce troisième volet.

    Pour rappel il s’agit d’un marché aux esclaves et non d’une foire aux lopes, ce qui veut dire :

    L’esclave qualifié de bâtard établit dès son entrée ses limites physiques et les pratiques qu’il ne veut pas faire, à l’issue il est catégorisé entre la caractéristique 1 et 3 (se référer aux code d’avilissement : rubrique Histoire).

    De ce fait une fois mis à l’étalage à nu, la larve grouillante ne peut refuser les saillies et sévices des éventuels acheteurs, dresseurs et vicieux présent sur la foire.

    En conséquence, un minimum de niveau maso sera imposé et dûment recommandé.

    Pour cet opus l’entrée des esclaves sera effectué de 19h30 jusque 20h00 précise
    (questionnaire et stockage individuel à l’issue)

    La fin du marché est fixé à 22h00

    Inscription sur www.lecodesexclub.com

     
     
    Si vous êtes révolté par cela comme moi ,  vous pouvez leur écrire ou leur téléphoner. Y en a marre des racistes et des préjugés coloniaux.  
 
 
 
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50 nuances de gris ou plutôt 50 nuances de merde : réflexion d’un féministe pro-sexe concernant les pratiques S/M

Portier de Nuit
Portier de Nuit

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J’ai été consterné ces derniers mois par l’émoi suscité par la parution du livre «  Fifty Shades of Grey », un « Mom Porn », autrement dit un roman érotique à destination des femmes hétéros. Le battage médiatique dans la presse, à la télévision m’a laissé perplexe. Les mamans bobo le lisaient toutes dans le métro. Revenons à l’histoire de ce roman, en résumé, c’est le récit d’une passion amoureuse entre Christian Grey, un sociopathe et sadique sexuel, homme d’affaires et donc immensément riche  et Anastasia, une jeune étudiante naïve et docile plus jeune que lui. Christian Grey va l’initier au sadomasochisme. L’intrigue est basée sur l’acceptation ou non  de ces  pratiques par Anastasia. Finalement, la jeune étudiante va devenir son esclave sexuelle car un contrat de soumission va être signé entre eux. Il s’ensuivra des scènes de violences décrites par le menu dans ce livre. Christian Grey va couvrir Anastasia de cadeaux, il va l’entretenir et va en en faire une princesse. L’histoire se termine bien car elle accepte la violence et en retour son maître l’a fait entrer dans le monde du luxe.

Ce qu’on ignore c’est le passé d’Anastasia. Qu’est ce qui se cache derrière ce plaisir à se faire frapper et violenter par un homme ? Rien n’est dit sur ce sujet là. Elle ne fait que subir. Moi, aussi, comme Anastasia j’ai eu des pratiques S/M avec des hommes il y a quelques années. Depuis j’ai arrêté grâce à un travail psychologique avec mon thérapeute. Je vais vous raconter ce que j’ai compris :

Du fait de mon histoire de maltraitance dans l’enfance, ma mère me battait régulièrement, j’avais souvent des bleus,  j’ai pensé que mon destin était d’être à la merci des autres, physiquement, mentalement, émotionnellement. Pour survivre, il fallait se taire et endurer la souffrance. Quand ma mère me frappait je savais que si résistais elle serait plus violente encore, donc je me taisais et je la laissais faire. Un enfant face à un adulte est complètement dépendant pour la nourriture et bien d’autres choses. Quand elle s’approchait de moi, machinalement, je me protégeais à l’avance même si elle venait ajuster mon pull, j’avais peur d’elle. Ces évènements sont restés gravés dans ma mémoire traumatique et plus tard j’ai eu une relation avec un homme violent qui avait des tendances sadiques. Un beau jour, il a essayé de m’étrangler sans aucune raison. Je l’ai laissé faire et je suis resté avec lui, j’étais dépendant affectif. Quand je l’ai quitté, j’ai perçu que j’avais des pulsions de mort. A l’époque j’étais encore suicidaire. Pour fuir ces émotions, je me suis accroché au sexe pour m’évader et fuir cette vie horrible. L’addiction sexuelle, les saunas, les rencontres sexuelles d’un soir, quelques passes mêmes.

Un jour, étant  au lit avec un amant, je lui ai demandé de me frapper le visage. Il l’a fait. Après la relation sexuelle, j’ai pleuré. Je me sentais sale et sans dignité. Je ne savais pas pourquoi j’avais demandé ça. Moi qui aime la tendresse en temps normal je me retrouvais à demander aux hommes de me frapper le visage en me donnant des claques. Jamais je n’aurais pensé en arriver là. J’ai eu 4 ou 5 rencontres de ce type avec des hommes, c’était  ponctuel et nos des relations suivies. A chaque fois que je quittais les lieux je pleurais après l’acte non pas à cause de la violence des claques mais à cause de l’avilissement dans lequel je me mettais. Je ne me comprenais pas. J’avais l’impression d’être un zombie, un corps sans âme qui obéissait à des instincts et à des pulsions mortifères.

Je me suis décidé à en parler à mon thérapeute. Par un travail sur mon enfance et sur la relation de maltraitance que ma mère entretenait avec moi j’ai pu mettre des mots sur mon passé d’enfant battu. J’ai réalisé que j’avais associé les coups que ma mère me portait à de l’amour. La seule et l’unique relation qu’elle avait avec moi était une relation de bourreau. Elle me méprisait, m’humiliait constamment parce que j’étais efféminé. Elle me battait pour un oui ou pour un non. Quand elle ne criait pas, j’étais perdu. Ce n’était pas normal. Je n’étais pas aimé. La seule conception de l’amour que j’ai connue était d’être battu et humilié. C’était notre relation mère-fils.  J’ai reproduis cette relation avec les hommes.

Erotiser la violence pour survivre, pour avoir l’illusion de la contrôler, au moins on ne la subit pas, par surprise, on la prévoit, on l’organise pour ne pas être pris au dépourvu. Oui, j’ai eu un plaisir sexuel quand un homme me battait mais un plaisir sexuel infantile qui date de ce  passé traumatique. C’est un scénario de l’enfance qu’on rejoue à l’âge adulte. Ca ne me rendait pas heureux, à chaque rencontre S/M je pleurais après l’acte, je pensais encore plus au suicide. Quand j’avais des relations sexuelles au sauna, je me laissais faire, je faisais le mort, j’avais l’impression de revivre quelque chose, il y avait un court-circuit dans ma tête, une dissociation, je n’étais plus là, je planais, j’échappais à ma vie misérable, l’espace d’un instant.  Ce n’était pas l’adulte qui avait des relations sexuelles, c’était l’enfant qui revivait des traumatismes passés.

Depuis j’ai arrêté d’avoir des rencontres sexuelles à type S/M car j’ai compris mon comportement et j’ai fais la paix avec mon passé. Je reste tout de même vigilant, chez moi les pulsions de mort sont très présentes, le suicide, le masochisme, les conduites à risques, l’anorexie alimentaire. Je me sabote. Je m’empêche de vivre.

Etais-je consentant à ce moment là ? Etais-je en pleine possession de moi même ? Certainement pas, j’étais dépressif et je n’avais aucune estime de moi même. Je crois au consentement éclairé alors que  moi j’étais dans les ténèbres lors de ces séances S/M. Revenons-en aux pratiques BDSM ( Bondage, discipline, Sadisme, Masochisme), je pense que le mouvement féministe doit se pencher sur ces questions aussi. Si nous sommes pour l’égalité politique nous devons être également pour l’égalité sexuelle. Tout ce qui est privé est politique et mérite donc d’ être discuté. C’est en cohérence avec mes prises de position sur la prostitution. Etant de gauche je ne suis pas pour la censure ou l’interdiction, mais pour une critique féministe du sadomasochisme. Je suis pro-sexe mais anti S/M. Pourquoi ?

J’ai eu des pratiques S/M et je comprends pourquoi je suis passé par là. Enfance abusée, maltraitance, il y a reproduction des traumas. C’est mon histoire certes. Généraliser serait abusif mais en y réfléchissant bien, si une amie femme se présente à la fac avec un coquart en me disant que son mec lui a fait ça et que c’est un jeux S/M entre eux, est-ce que je dois l’accepter en tant que féministe et citoyen ? La réponse selon moi est non. Rien ne justifie la violence.

Contrairement à ce que dit le milieu LGBT, le sadomasochisme n’est pas transgressif. C’est la plus vieille institution patriarcale, elle est pluri-millénaire : l’homme doit être agressif et violent tandis que la femme se doit d’adopter une attitude passive et docile surtout lors du rapport sexuel( cf. les représentations dans la  pornographie),les femmes aimeraient la violence en réalité. C’est la doxa sadomaso. Une femme qui dirait NON, c’est une femme qui dirait Oui en réalité car elles aimeraient  ça en fait. C’est l’érotisation du viol, des violences sexuelles pour faire  mieux passer leur désir de domination. La douleur devient plaisir, l’humiliation devient par magie agréable et plaisante et l’esclavage serait synonyme de libération. Quelle escroquerie pseudo-transgressive, c’est comme le Front National, une vaste entreprise de communication et d’arguments fallacieux . L’église catholique a joué  aussi un rôle dans le masochisme des femmes concernant leur corps. La plupart des religions ont un aspect sadomaso, c’est normal car elles participent toutes du patriarcat et de la domination masculine.

J’ai été victime de violence conjugale, je sais ce que c’est que de vivre avec un homme à tendance sadique. Ce n’est en rien jouissif. La peur c’est tout ce que j’éprouvais. Comme Anastasia, dans Fifty shades of Grey, je suis resté avec lui pour son argent et son statut social. Dans ma culture, on vénère l’argent, je n’ai fait que répéter ce qu’on m’appris , le reste était superficiel, si c’était le prix à payer pour être à l’abri du besoin. Je tenais aussi à préciser que dans le livre Anastasia saigne à cause des blessures de son amant elle est frappée de manière extrêmement violente et conserve des traces de coups sur son corps.

Le S/M entretient des stéréotypes racistes. Le contrat que rédige le maître Christian Grey dans le roman avec son esclave sexuelle Anastasia, est une copie qu’on pourrait assimiler au fameux « Code Noir » qui régissait les relations entre maîtres blancs et esclaves africains avec surtout les devoirs des esclaves et tous les droits des maîtres…Toute la vie d’Anastasia est régit par ce contrat ( alimentation, sortie, habits) . Ouh, c’est super transgressif tout ça. C’est pas comme chez les Talibans ça ?

Il y a parfois des références douteuses dans le milieu S/M, notamment  des nostalgies fascisantes. Les uniformes de SS Nazi sont souvent exhibés et pris pour modèles lors de séances S/M. Il n’y a qu’à aller voir le site du mémorial de Tom of  Finland, un dessinateur gay qui fut inspiré par le Nazisme dans sa Suède natale. Dans sa chambre aux Etats-Unis, on voit clairement un uniforme Nazi, il paraît que sa maison est un lieu de pèlerinage pour de nombreux gays (blancs et je pense certainement pas de juifs , enfin j’espère pour eux ). D’ailleurs, en parlant de racisme, il n’y a pas tellement de noirs ou d’arabes dans le milieu S/M gay . Pourquoi ? La capitale du S/M est Berlin, ancien pays Nazi. Sadomasochisme et Nazisme ont souvent été lié dans la littérature, le cinéma, mais aussi dans les uniformes BDSM. (Par exemple dans « Portier de nuit » avec Charlotte Rampling on assiste à une érotisation S/M des rapports entre tortionnaires et victimes ou alors des scandales sexuels avec des orgies Nazi sadomaso avec le président de la fédération internationale automobile : http://www.lefigaro.fr/sport/2008/03/31/02001-20080331ARTFIG00417-l-orgie-naziede-max-mosley-fait-scandale.php)

Bref ce qui plait  tant à beaucoup de  femmes hétéros( pas toutes heureusement), c’est la romance, l’histoire d’amour entre un homme fortuné et une jeune étudiante précaire. C’est le conté de fée de notre époque avec un soupçon de pornochic et de BDSM pour égayer le tout. Si Christian Grey avait été ouvrier le livre aurait fait un flop.

Je pense que nous, les  femmes et les hommes gay passifs ou efféminés, nous sommes élevés de part la culture ambiante pour être soumis aux hommes et  au pouvoir masculin. La culture nous apprend dès le départ à être dans la servitude socialement et soumis dans tous les domaines de nos vies, le travail, la vie affective, le sport… Le sadomasochisme est une conséquence directe de la domination masculine. Le sadisme des hommes découle de la phallocratie.

Erotiser l’esclavage, le racisme et la traite des noirs en fabriquant des colliers d’esclaves à des fins sexuelles est tout bonnement insupportable. ( il y a même eu des bijoux type  esclaves : http://www.huffingtonpost.fr/2013/03/21/mango-esclave-bijoux-vente-france_n_2922126.html)

Erotiser les relations entre maître et esclaves en faisant référence à la Traite est contraire aux valeurs de la gauche, du féminisme et de l’antiracisme. La sadomasochisme est une vieille institution patriarcale, de droite et à bien des égards religieuse aussi. ( les moines anachorètes chrétiens se flagellaient pour atteindre dieu, certains membres de l’Opus Dei une  secte catholique portent une silice avec des piques qui leur  écrase la jambe pour leur rappeler le calvaire du Christ toute la journée )

Bref, ce qui est révolutionnaire et transgressif c’est l’égalité politique et l’égalité sexuelle. La domination de l’homme et la soumission de la femme, caractéristiques de l’hétérosexualité aujourd’hui dans cette société hétéronormée ne sont en rien libérateurs et même si les rôles sont inversés. Erotiser l’inégalité n’est pas une avancée progressiste.

J’aimerais terminer par un conseil aux femmes et aux jeunes gays : Si vous rencontrez un homme qui prend du plaisir à vous voir souffrir, n’espérez pas qu’il change, la seule option est de fuir le plus loin possible. Dans le cas contraire, dans peu de temps vous finirez peut-être dans un abris pour femmes battues avec  des brûlures de cigarettes sur tout le corps ,des hématomes et peut être des enfants traumatisés à charge.

Lien : « Me And My Slaves » : Un film intéressant sur un pratiquant S/M homosexuel et prostitué  qui décide d’arrêter et fait un travail sur son enfance comme je l’ai fait également pour comprendre ses comportements qui ne le rendent pas heureux : http://www.youtube.com/watch?v=rCgxeSDgEN0

Un jour l’homme que j’aimais m’a étranglé

strangulation

Le premier amour de ma vie, un homme plus âgé que moi mais tendre et intelligent m’a fait subir une violence dont je me rappelle encore aujourd’hui. Il m’a étranglé…

 

Pourquoi ? Encore aujourd’hui je n’ai pas réponse. Je l’ai quitté il y a trois ans mais je fais encore des cauchemars et quand je repense à cet événement ou quand je croise cet ex par hasard, je me mets à avoir des crises de pleurs.  C’est fou ce que les violences du passé marquent l’esprit et le corps, je sens encore ses mains sur mon cou. J’étais allongé sur  le lit chez lui et soudainement il a tenté de m’étrangler, j’ai senti ma vie défiler. Je ne pouvais rien faire, il pèse le double de mon poids et est beaucoup plus fort que moi. Il m’a relâché et je suis resté dans le lit sidéré, abasourdi. Il a rigolé, ma peur l’a fait rire. Ensuite, il m’a fait l’amour d’une manière violente. J’ai tenté de lui parler après l’acte, je voulais lui faire comprendre que je ne voulais pas être traité comme ça. Mais il a objecté qu’il n’avait pas le temps et qu’il était fatigué, il voulait en reparler le lendemain. En plein milieu de cette nuit, j’ai eu des crises de larmes, je suis sorti de la chambre à coucher pour pleurer dans le salon. Il n’est pas venu me consoler, il m’a laissé seul avec mes sanglots. Après avoir bien pleuré je suis retourné me coucher, il n’a rien dit.

Le lendemain, je suis rentré chez moi et je lui ai envoyé un mail en lui disant qu’il avait été violent  et qu’il n’avait pas le droit de faire ce qu’il m’a fait. Je lui ai reproché de m’avoir laissé pleurer alors qu’il était mon compagnon. Il m’a répondu que j’étais un petit garçon et que j’étais trop sensible, mes crises de larmes étaient celles d’un bambin, il fallait laisser passer. Il m’a souvent fait la remarque  que nous les asiatiques, nous étions enclins à pleurer, selon lui, nous étions hypersensibles de part nos origines. Je lui ai parlé de l’étranglement mais dans ses réponses il n’en parlait jamais. C’était comme si ça n’avait jamais existé. A l’époque, j’étais complètement dans la dépendance affective, j’avais besoin d’une présence paternelle, un père de substitution. Mes parents étaient distants et ne m’acceptaient pas en tant qu’homosexuel. Je n’avais que lui dans ma vie, je l’admirais, il était tout pour moi, sans lui je ne me voyais pas continuer à vivre.  J’étais aveuglé et j’ai tout accepté. Comme tous les hommes violents, mon ex a tenté de me rendre responsable de cet acte en me disant que c’est MOI qui était trop sensible, c’est le fameux transfert de culpabilité.

J’ai réalisé que cet homme était un pervers narcissique. Il ne ressentait pas d’empathie quand je souffrais. Ma mère qui était sensé m’aimer m’a battu, l’homme qui était mon premier amour m’a étranglé. C’était mon destin, semble-t-il, la violence. J’avais l’impression que j’attirais la violence à moi. Je suis resté pendant un an avec cet homme malgré cet acte de strangulation. Je n’en ai jamais plus parlé avec lui. A l’époque, j’ai préféré enterrer cet événement pour continuer à vivre, ma vie était assez difficile comme ça. Aujourd’hui, je regrette de ne pas avoir porté plainte. J’étais un zombie, une loque, on pouvait me maltraiter, me mépriser, je ne réagissais pas. C’est tout ce que j’ai connu dans ma vie la violence physique. Ma mère me disait que lorsqu’elle me voyait elle avait envie de me frapper. Elle ne s’en est  pas privée. Je m’en veux aujourd’hui d’avoir été aussi faible avec cet ex. J’ai capitulé devant sa violence, j’avais tellement peur de lui.

 

Peu à peu la situation s’est aggravée. Il devenait humiliant, il prononçait des paroles blessantes et j’avais droit à des humiliations en public. Il m’insultait souvent devant des passants et ne s’excusait jamais. Je pensais toujours que ç’était de ma faute. Il était très manipulateur et convaincant. Il a su exploiter ma fragilité avec brio. Quand il s’énervait j’avais vraiment peur, il frappait dans les meubles. Un jour je l’ai quitté définitivment, j’ai senti que la prochaine chose qu’il allait frapper ce ne serait plus un meuble mais moi. J’ai pressenti les choses.  Ma dépendance affective m’empêchait de le quitter, je l’avais quitté 7 fois mais à chaque moment je revenais irrémédiablement vers cet homme violent. Violence verbale et physique, manipulation, mépris, la violence conjugale je l’ai vécue dans ma chair. Certes, je n’ai pas eu de bleus mais cet homme me faisait peur, je n’osais plus parler, me justifier, je me taisais, j’avais peur qu’il me frappe dans un accès de colère. Son caractère imprévisible était menaçant. Tout pouvait arriver.

Même si j’avais porté plainte suite à cet acte de strangulation. Il aurait gagné. Il était plus riche  et il avait les bons réseaux de soutien. Je n’aurais pas pu payer les frais d’avocat sans compter les preuves qui sont difficiles à établir.

La violence conjugale existe dans les couples gay mais c’est un grand tabou. Les lesbiennes ont crée des groupes pour en parler mais chez les gays c’est LE SUJET dont on ne parle pas. Un vieux résidu machiste qui voudrait qu’un homme  ne soit jamais victime de violences ? Un peu oui !

Après trois ans de reconstruction après cette rupture, j’ai ressenti le besoin de partager cet événement. J’ai contacté une ligne d’appel pour femmes battues et j’ai raconté mon histoire. Ca m’a fait du bien que quelqu’un au moins me reconnaisse comme victime. L’écoutante m’a rassuré. Les gays victimes de violence peuvent appeler ces lignes d’écoute, elles ne sont pas réservées aux femmes mais aux victimes de violences conjugales en général, c’est ce que m’a dit  la  femme qui m’a parlé.

Avec mon psychologue j’ai essayé de travailler sur cet événement. Pourquoi m’a-t’il étranglé ? Je me pose encore la question. De sa part, je n’aurai pas de réponse je le sais aujourd’hui. Nous n’avions pas de jeux sadomasochistes ensemble. Mon thérapeute pense qu’il s’agit d’une personnalité à tendance sadique. Il prend du plaisir dans la souffrance de l’autre. Sauf que moi je n’étais pas consentant et j’ai vraiment eu peur. Jamais dans ma vie je n’avais  pensé qu’un homme prendrait du plaisir à étrangler  quelqu’un, a fortiori mon ex-compagnon. On m’a aussi parlé de l’étranglement à visée érotique, l’asphyxie aurait des effets aphrodisiaques. Mais jamais je n’avais été d’accord pour faire ça.

 

Je dois vivre avec ça aujourd’hui, je n’aurai jamais de réponse ni d’excuses de la part de cet homme ni de procès. Rien… un non événement. Aujourd’hui je sais détecter les hommes violents et dès le premier signe je partirai en courant. Je sais aussi que j’ai le droit au respect dans une relation de couple. Rien ne justifie la violence, absolument rien.

 

Le libertinage gay : liberté ou esclavage ?

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J’ai commencé à fréquenter les saunas gay à l’âge de 18 ans. Dès que j’ai eu l’opportunité de fuir ma famille où l’air était devenu irrespirable du fait de leur homophobie, je me suis précipité dans le milieu gay. Je voulais être apprécié pour ce que j’étais, un jeune gay. Quoi de mieux que les saunas ?  Un peu de vapeur, un tour au hammam, et puis au sauna on rencontre un homme séduisant ,on fait semblant de s’aimer et on rentre chez soi avec cette impression d’exister. En écrivant ces mots, je me rends compte que ma vie d’avant était vide et futile…je quittais un enfer familial pour en connaître un autre : l’univers des saunas gay.

 

Les saunas gay sont l’équivalent des clubs libertins hétéros. Il y a peut être moins de prostitution dans les établissements gay, je pense. Enfin, l’esprit est le même :CONSOMMER DU SEXE. Se faire consommer et consommer les autres. J’ai passé 8 ans à arpenter ces saunas, j’y allais chaque semaine, parfois plusieurs fois par semaine quand j’étais stressé et que j’avais besoin d’un câlin. Je me sentais en sécurité dans les bras musclés d’hommes plus âgés. Certes, j’ai connu des moments de tendresse réciproques mais tout n’était que mensonge et désillusion. Je me mentais et on se mentait tous. A 18 ans, j’espérais trouver l’amour dans les saunas, j’ai parfois déclaré ma flamme à des hommes que je connaissais depuis tout juste 2 heures  et cela dans l’obscurité d’une cabine. Naïf, jeune étudiant en souffrance et en manque d’affection, voilà ce que j’étais. C’est à cette époque que j’ai commencé à faire des tests de dépistage du VIH chaque mois de peur d’avoir attrapé le SIDA avec  mes escapades sexuelles hebdomadaires. J’arrivais à concilier la fac et cette addiction au sauna et j’étais plutôt bon élève mais petit à petit les choses ont changé…

 

J’ai commencé à coucher avec des patrons de saunas. Pourquoi ? Je ne sais pas. J’avais l’impression que ça me valorisait. Eux, bien sûr profitaient de leur fonction et avaient perçu ma fragilité et ne manquait pas d’en profiter. Un jour j’ai demandé à un gérant de sauna s’il avait des relations pour me trouver un petit boulot d’étudiant. Il m’a proposé en rigolant de faire la  prostitution à condition qu’il touche un pourcentage bien sûr, à ce qu’il disait il connaissait du monde… même si  je pris cela pour de l’humour, je me demande aujourd’hui s’il plaisantait vraiment. Les patrons de saunas que j’ai rencontrés se définissent pour la plupart comme des gérants de « bordel ». J’ai souvent entendu cela de la bouche même de patrons. C’était bizarre d’entendre cela, je me suis toujours dit que j’étais une pute alors si je venais chaque semaine dans un bordel. Je viens tout juste de regarder sur France 2, dans l’émission « Complèment d’enquête », le témoignage de Rosen, une ancienne prostituée. Elle a prononcé une phrase qui m’a parlée : « J’ai l’impression que j’ai toujours été dans la prostitution ». C’est mon cas également, dans ces saunas, je me suis comporté comme une prostituée et on m’a bien  souvent traité comme un prostitué. Je comprends aujourd’hui pourquoi il m’a été si facile de franchir le pas, tout cela avec mon histoire familiale en toile de fond.

 

Les saunas sont beaucoup fréquentés par des hommes mariés hétérosexuels. Je les adorais à l’époque. Je me disais que si un homme hétéro s’intéressait à moi sexuellement, c’était le signe de ma valeur. J’étais quelqu’un. Ma mère qui disait que je n’étais pas normal, elle avait tout faux. La preuve, l’homme viril hétéro couchait avec moi ! Quoi de mieux pour prouver mon utilité dans la société, je servais à quelque chose. Ma mère m’a souvent dit qu’elle regrettait de m’avoir donné la naissance, dans ces saunas, on me désirait, on me faisait la cour, même pour 5 minutes de plaisir, je prenais ce qu’on me donnait.

Bref, peu à peu, le malaise s’est installé et l’addiction à ces lieux aussi. Après avoir eu des relations sexuelles dans ces saunas, je rentrais chez moi en pleurant. Je me sentais sale et j’avais l’impression qu’on m’avait utilisé. Je me sentais bizarre, mes copains n’avaient pas de regrets moi j’en avais. Je ne comprenais pas ce que je faisais, pourquoi tout ça ? Très vite j’ai compris que l’amour je ne le trouverais pas ici et que les hommes hétéros qui voulaient me prendre pour amant voulaient juste passer du bon temps pour pimenter leur vie. Alors j’ai sombré dans la consommation pure et simple. Le sexe sans sentiments, sans lien émotionnel. J’ai réalisé que lorsqu’on touche au corps on touche à l’âme. J’ai passé huit ans dans ces lieux et aujourd’hui je suis détruis de l’intérieur, je revois ces hommes que je ne désirais pas, j’ai des flashs dans le métro, une sorte de stress post traumatique, des scènes désagréables, des visages, des fantômes…

 

Quand on rentre dans un sauna, on se déshabille  mais on laisse aussi sa conscience et sa dignité au vestiaire. Mon honneur, ma dignité je les ai laissés dans ces lieux. Un jour, un homme blanc âgé et très vulgaire m’a donné une fessée dans le sauna et m’a insulté de salope devant cinq clients. Je lui ai dit qu’il n’avait pas droit de me parler comme ça. Il m’a dit « Sale Asiat, je fais ce que je veux ! ». Le ton est monté, je pensais que les cinq mecs dans le sauna allaient prendre ma défense pour remettre à sa place ce raciste. Eh bien non, ils n’ont rien dit, ils étaient là pour baiser, j’étais naïfs !  Ce type d’incident m’est arrivé plusieurs fois dans ces lieux la et j’ai assisté à la même lâcheté de la part des clients.

Ce vieux blanc m’a harcelé toute la soirée en me disant qu’il payait plus cher que moi et que de ce fait il avait droit de tâter la marchandise. En effet, c’était gratuit pour les moins de 25 ans. Argument commercial de choc pour attirer la clientèle plus âgée. Les jeunes attirent les vieux. Mais sans vieux pas de profit  et pas d’argent, donc on peut pas les virer s’ils sont trop lourds ou franchement menaçants parfois. Tous les saunas font pareil les jeunes paient moins cher. Un jour on m’a dit que si j’étais là c’était pour baiser, ces hommes qui paient plus cher que nous, nous prennent pour des putes gratuites. Un jour deux hommes beurs matures se sont mis à deux sur moi, ils voulaient me tripoter, j’ai refusé. Ils m’ont insulté à deux en disant que si j’étais là c’était pour baiser. Je suis allé me plaindre à la direction, au lieu de les virer, on a calmé le jeu. J’étais bête, sans eux il n’y a pas d’argent . Les jeunes peuvent se faire harceler, c’est pas grave, ça fait partie du jeu, business is business. Ce n’est pas le libertinage gay ou la libération sexuelle homosexuelle, c’est un capitalisme sauvage gay où les petits sont laminés, écrasés et au final exploités.

 

Huit ans à donner mes fesses à des ordures, des paumés, des homos planqués, parfois violents et méprisants. On n’oublie pas, ce sont des bagnes sexuels, des camps. Je restais souvent au rez-de-chausée , je parlais avec le serveur mais  quand des clients arrivaient, le patron me disait de monter me détendre… je ne me suis pas prostitué mais c’était tout comme.

 

Ces saunas gays ont une mentalité de bordel, de maison close. C’était ma famille, le patron était mon mac et avec mes copains blacks, beurs et asiats on jouait les escorts, mais on étouffait tous, c’était un refuge, on était loin de nos familles. Les bulles du jacuzzi et la chaleur du sauna étaient une sorte de cocon et les hommes plus âgés nos pères de substitution ou plutôt des pères incestueux.

 

C’est un miracle que je n’ai pas attrapé le SIDA pendant ces huit ans. L’hygiène est déplorable dans ces endroits. J’ai déjà vu un préservatif usagé flotter dans le jacuzzi…bonjour les risques de contamination.

 

Pour ne pas mourir bête, je suis allé au Dépôt à Paris, la plus grande backroom gay d’europe. Une boîte de nuit avec un espace de consommation sexuelle et des labyrinthes. Je suis resté au bar tellement j’avais peur. Je me faisais la réflexion pourquoi ces labyrinthes obscurs et glauques trônaient dans tous les saunas ? Le noir, l’obscurité, ne pas voir les gens et baiser avec des  hommes qu’on ne voit pas… c’est la deshumanisation complète, on est que des corps, des bouts de viande, plus besoin d’avoir un visage, le reste fera l’affaire. Parmi la clientèle une grande proportion de blacks de banlieue, des immigrés comme moi assis là à attendre que ça se passe et à consommer. Ca m’a rendu triste, c’est ce que la communauté gay propose aux gays précarisés déclassés, le sexe à volonté dans des lieux glauquissimes. Je pense qu’on devrait créer d’autres lieux de sociabilité LGBT où on pourrait communiquer autrement.

Ils sont peut être addict au sexe comme moi ? Qui sait ?  Ce que je sais moi, c’est que je regrette ce passé. J’ai gâché ma jeunesse dans ces saunas. Il n’y a rien de libérateur dans ces lieux soi disant libertins. On y croise des types comme DSK, cyniques, froids et arrogants ou bien des mecs complètement paumés ou des addicts comme moi qui viennent s’étourdir pour oublier la dureté de la vie.

Les saunas sont des boucheries, on y pratique l’abattage à la chaine. Notre sang coule dans l’indifférence générale. Les contaminations VIH  chez les gays ne cessent d’augmenter année après année malgré le travail « si efficace » d’ACT up et AIDES et les jeunes gays sont les plus touchés par ces nouvelles contaminations. Bref, ces lieux sont dangereux pour les gens fragiles comme moi, les autres qui ont la tête sur les épaules, pas de problème… je ne veux pas les interdire mais si on m’avait dit la réalité et présenté l’envers du décor je n’y serais jamais allé le jour de mes 18 ans…

 

PS :  Spécialement pour Act up et AIDES qui défendent avec bec et ongle Eric zemmour  et les 343 salauds et autres phallocrates sexistes ainsi que les clients « inoffensifs » qui je le rappelle sont les principaux coupables de violences envers les prostituées : Au lieu de distribuer des capotes et de ne faire que ça, parce que vous ne faites que de la distribution. Parlez un peu d’addiction sexuelle et de bien être. De nombreux gays sont devenus séropositifs car ils étaient dépendants sexuels auparavant. Vous ne traitez le problème qu’en aval, du coup, votre travail est insuffisant. Les premières victimes sont les jeunes gays. Aussi bien sur la prostitution que sur la santé sexuelle des gays, l’expertise d’Act up et d’AIDES est catastrophique, il n’y a qu’a consulter l’enquête PREVAGAY, et concernant les prostitués, je demande solennellement à ACT up, au STRASS et AIDES d’aller voir les jeunes du Refuge ( association venant en  aide aux  jeunes LGBT  virés de chez eux)  qui pour certains sont passés par la prostitution et de leur dire yeux dans les yeux qu’il défendent les clients de la prostitution. Si c’est ça votre vision pour la jeunesse LGBT vous êtes à côté de la plaque. A bon 

La Pornographie m’a tué : analyse féministe par un gay issu des minorités ethniques

SPCUn beau jour  que je faisais l’amour avec un amant, celui-ci me crie au visage : « Sale chienne, tu aimes ça !  ». J’étais  sûr qu’il avait vu ça dans un film X et qu’il essayait de le reproduire avec moi. Me sentant insulté, je lui ai donné une claque, mais d’après sa réaction, il n’avait pas compris que ses paroles m’avaient blessées. C’est ça la sexualité gay ? Se faire traiter de salope au lit parce qu’on est passif ? Moi qui pensait que la sexualité gay était plus égalitaire que celle des hétéros, que les distinctions de genre avaient subitement éclatées lors de la révolution sexuelle, qu’entre gays il n’y avait pas de rapport de domination puisque par définition les masculins s’annulent, donc exit la Domination masculine et le patriarcat si cher aux féministes. Ce post a pour objet d’analyser le porno gay et ses représentations stéréotypées et l’influence qu’il a sur notre communauté. Etant  moi même un gay de gauche issu des minorités visibles je ne suis pas pour la censure mais pour une critique constructive  du porno gay. Le féminisme doit se pencher sur la pornographie.  Je pense que personne ne l’avait fait en France chez les LGBT. Bref, après cet événement pour faire comme tout le monde, moi aussi j’ai regardé du porno à haute dose jusqu’à en devenir complètement accro…

J’aime passer par le témoignage pour parler de sujets théoriques car les trajectoires personnelles sont  traversées par des changements sociétaux. J’ai une histoire  précoce avec le porno gay, les vidéos pornographiques furent ma première rencontre avec la sexualité homosexuelle. J’ai commencé à en regarder à 14 ans, aujourd’hui  en moyenne, les enfants sont en contact avec des vidéos porno dès l’âge de 11 ans.  Ma sexualité a été construite par le porno.  Aujourd’hui je vois les dégâts que ça a occasionné dans ma vie sentimentale, sexuelle et affective.  Au fil des années je suis devenu complètement addict,  je pouvais passer toute une nuit à regarder des vidéos sur le net avec une escalade vers des choses de plus en plus sordides. Passer de six à dix  heures devant du porno était devenu mon shoot hebdomadaire. Une véritable drogue, une addiction. Le passage très court par la prostitution n’y est pas étranger, le porno enlève à force toute barrière et toute notion de dignité corporelle et psychologique. Avec les hommes, j’étais une marionnette après avoir regardé du porno, je faisais ce qu’ils voulaient, je prenais des risques par rapport aux MST, j’ai attrapé plusieurs fois des maladies vénériennes. Je pensais que le sexe c’était ça pour un passif, se faire traiter de salope au lit  par l’actif et être soumis sans afficher de la complicité ou même  un sourire. Subir pour survivre et  pouvoir exister même si  c’était en  tant qu’objet sexuel, c’est mieux que l’homophobie.

Au fil du temps, le porno m’a dévoré. Quand j’avais une relation sexuelle avec un homme, je n’arrivais plus à être dans l ‘instant, à être connecté à mon partenaire, je faisais comme une pornstar gay passif, machinalement je prenais les poses d’acteurs X sans m’en rendre compte. J’étais un zombie au lit, ça n’était plus moi.  J’ai commencé à comprendre que j’avais un problème. Aujourd’hui je suis en train de décrocher peu à peu mais c’est dur, une addiction de plus de dix ans est difficile à éliminer.   J’ai l’impression qu’on m’a volé ma sexualité. Le porno a été pour moi le moyen d’ échapper au stress que je ressentais chez moi avec mes parents homophobes. Je m’évadais dans des mondes virtuels et pornographiques. Aujourd’hui, j’ai une tout autre vision du porno car j’ai plus de recul sur la chose et mes comportements comme avec la prostitution.

J’ai regardé beaucoup de porno hétéro aussi, car je m’identifiais aux femmes et je fantasmais sur les hommes hétéros. Pourquoi du porno hétéro et pas du porno gay ? Le porno hétéro est tout ce qu’il y a de plus dégradant, répugnant et violent pour la femme. La violence verbale est quasi systématique, la violence physique permanente et l’humiliation fait partie de tous les scénarios. La pornographie hétéro c’est l’histoire d’un viol qui est raconté à chaque fois d’une autre manière. En tant qu’enfant battu, je m’identifiais beaucoup avec ces actrices X qui semblaient prendre du plaisir dans l’humiliation et la brutalité masculine. Suite à ma psychothérapie j’ai compris que j’avais érotisé ma maltraitance datant de l’enfance. Les coups portés par ma mère, l’humiliation, les tortures psychologiques subies en raison de mon côté efféminé étaient tellement insupportables que mon psychisme a  érotisé ces traumatismes. Quand je voyais à l’écran une actrice X se faire insulter, humilier par plusieurs hommes je me voyais moi à sa place recevant la même violence. 90% des prostituées ont été victimes d’abus sexuels ou de traumatismes durant l’enfance, je fais partie de ces 90%. On survit comme on peut avec son passé.

Il n’y a rien à garder dans le porno hétéro, vraiment, c’est le seul lieu où les hétérosexistes peuvent encore avoir l’impression de dominer les femmes comme au temps où le viol n’était pas un délit mais une coutume.  C’est leur jardin secret où ils cachent leurs petits privilèges du passé.

Quant au porno gay, certains disent qu’il est différent du porno hétéro car il n’y a pas de rapports de domination entre hommes. Quelle escroquerie !  En tant que passif efféminé je sais qu’il y a des rapports de domination entre gays. Le nombre de fois où je me suis fais traiter de « salope », « chienne », « tapette », « grosse passive » par des gays est absolument incalculable. Le mépris qu’affichent certains actifs à l’égard de passifs est le même que certains machos éprouvent à l’égard des femmes. Il y a bien un sexisme chez les gays. Tout ce qui est trop féminin est méprisé, rabaissé. Dans le porno gay c’est pareil. Les passifs sont traités comme les femmes dans le porno hétéro, insultes, crachats, claques, humiliation, tout y passe.

Venons -en à mon sujet favoris, les minorités ethniques dans le porno gay. Pour remettre les pendules à l’heure, le porno hétéro est raciste. Les représentations stéréotypées des noirs et des beurs sont absolument insupportables. Ce sont soit des voleurs soit des brutes épaisses  qui se comportent comme des sauvages. Si représenter des noirs comme ça n’est pas raciste alors il faudra m’expliquer. Vous voulez un scoop ? Le porno gay est lui  aussi porteur de préjugés ethno-raciaux datant du temps colonial. Il n’y a qu’à aller voir le site porno Citebeur, où on retrouve des gays de banlieues hypersexualisés  qui jouent les bad boys et aux pseudo-délinquants. Il y a systématiquement des scènes de faux viols, du sexe forcé. Moi ça me dérange. Le réalisateur Cadinot filmait aussi des scènes de viol. Pendant des années, on n’a pas osé critiquer le porno gay. Pourtant la violence conjugale au sein des couples gays existe bel et bien. Les violences sexuelles, le viol conjugal, la violence conjugale tout court je connais aussi. On n’en parle jamais chez les gays. Pourquoi ? Ca n’existe pas ? Le porno fait croire à certains hommes que NON veut dire OUI. Ils le reproduisent avec leur partenaire dans la réalité dans la chambre à coucher…ça j’ai connu aussi.

Aujourd’hui, moi, je n’ai pas envie que  mon  futur copain me force à avoir un rapport sexuel comme dans les pornos, je ne souhaite pas être insulté quand je fais l’amour non plus. Pour résumer, l’industrie pornographique est raciste, sexiste et homophobe. Oui, homophobe car elle opère une hiérarchie entres les gays qui se comportent comme des hétéros et les « tapettes » comme ils disent qui jouent bien souvent le rôle de passifs. Les rôles sexuels sont genrés et stéréotypés avec tout un symbolisme sexiste, phallocrate et bien souvent néocolonial.

C’était un petit coup de gueule spontané. C’est un blog de témoignage, j’avais besoin de raconter mon histoire. Je suis devenu féministe car je voulais être respecté par les hommes en général et par mon futur copain. Je ne suis pas un objet sexuel, je suis une personne avec des sentiments et des émotions ainsi qu’avec une intégrité corporelle.  J’ai décidé d’arrêter de regarder du porno, je fais une distinction entre pornographie et érotisme. L’érotisme est bon et beau et respectueux de la subjectivité de chacun.  Personne n’a le droit de me faire du mal, je ne serai plus esclave de l’industrie pornographique hétéro ou homo, c’est pareil, je veux créer ma propre sexualité, la mienne, je suis assez intelligent pour savoir ce que je veux, non mais !